Pierre Harvey

Médaillé de bronze en natation à l'âge de 13 ans en août 1971

Quel est le plus doux souvenir que conserve Pierre Harvey de sa carrière sportive, vous croyez ?

Sa participation aux Jeux olympiques de Montréal de 1976 en vélo sur route ? Ses quatre médailles d’or remportées aux Championnats nationaux de ski de fond en 1986 ? Sa première victoire en Coupe du monde en 1987 ? Sa lecture du serment des athlètes aux Jeux de Calgary en 1988 ?

Arrêtez, vous refroidissez…

Son plus beau souvenir remonte à son enfance. À 13 ans, exactement. En 1971, le jeune sportif de Rimouski prenait part à la première Finale des Jeux du Québec, à Rivière-du-Loup, où il a gagné le bronze en natation. « Sans les Jeux du Québec, je n’aurais pas continué. C’est ce qui m’a éveillé au sport. Jusque-là, j’étais un nageur moyen. Ce n’était même pas un rêve pour moi de participer à une compétition provinciale. C’était au-delà de mon imagination », témoigne cette légende.

Membre du Panthéon des sports canadiens depuis 2019, il se rappelle encore très bien cette course de 100 mètres brasse qu’il a disputée dans le corridor 8, celui des négligés, dans le bassin du Cégep. « Même les gens de mon club étaient étonnés que je gagne ! J’étais sur un nuage ! » se souvient celui qui était alors loin de se douter qu’une piscine municipale porterait un jour son nom dans sa ville d’origine.

De la surprise au succès

Cette médaille-surprise a non seulement fait de lui la coqueluche de sa région, mais elle lui a donné confiance. Aussitôt, il a voulu pousser plus loin ce potentiel qu’il venait de découvrir. Et il allait continuer non plus en maillot de bain mais en cuissards de vélo ! En 1973, il participait aux Jeux du Québec à Rouyn-Noranda en cyclisme, puis à ceux de Valleyfield, en 1974. À partir de ce moment, l’adolescent est passé à la vitesse supérieure. Deux ans plus tard, il était l’un des Québécois-vedettes des JO de Montréal. Au total, il aura pris part à quatre Jeux olympiques, sur roues et sur skis.

Pierre Harvey a plus tard vécu les Jeux du Québec de l’autre côté de la piste, alors que ses trois enfants y ont tous concouru. « Quand ils partaient pour les Jeux du Québec, c’était le bonheur total. Ils savaient qu’ils partaient pour une semaine avec leurs amis. Cette ambiance de camaraderie les stimulait à continuer. [Dans des compétitions comme celles-là], tu en vois des meilleurs que toi et ça te motive à persévérer », estime le papa du non moins célèbre Alex, qui, même s’il est le seul membre de la famille à n’avoir jamais remporté une médaille aux Jeux du Québec, est aujourd’hui considéré comme le plus grand fondeur de l’histoire du Canada.

« Le sport est une super bonne école pour apprendre à se débrouiller. Dans la vie, il y a des difficultés, des efforts à faire. Quand on l’apprend jeune, c’est un bon bagage pour le reste de notre vie. »

Inspirer le Québec

Selon Pierre Harvey, qui a fait carrière comme ingénieur, la création des Jeux du Québec est un des investissements les plus rentables de la province. « L’effet que ça a sur le développement du sport au Québec est incroyable. Les jeunes sportifs ont un objectif à court terme, qui est atteignable. Ensuite, s’ils sont assez bons et qu’ils ont encore du plaisir, ça ouvre la porte à d’autres choses. Et tout le monde y gagne. Quand on voit des Québécois briller aux plus hauts niveaux, on voit qu’on peut être les meilleurs au monde. C’est le Québec qui grandit. Pour une société, ces investissements sont aussi importants que ceux que l’on fait dans les hôpitaux. »

 À 64 ans, Pierre Harvey tente justement de se tenir le plus loin des hôpitaux. Toujours actif, il a toujours autant de plaisir à sillonner les routes du Québec à vélo et à profiter de l’hiver sur ses planches, en repensant - avec un sourire - à ses débuts dans le corridor 8.

Propos recueillis dans le cadre du documentaire Pour toujours, Piloup, réalisé en collaboration avec MAtv.

 

Marie-José Turcotte

Médaillée d'or en saut en hauteur à l'âge de 14 ans en août 1971

Lors de la première Finale des Jeux du Québec à Rivière-du-Loup en 1971, une jeune Montréalaise longiligne a remporté la médaille d’or à l’épreuve de saut en hauteur. La photo où elle semble léviter au-dessus de la barre horizontale est parue dans les pages du Devoir et de La Presse. Tous les espoirs étaient alors permis pour l’athlète de 14 ans, qui rêvait de participer aux Jeux olympiques de Montréal en 1976.

Marie-José Turcotte n’a finalement jamais sauté haut sous les anneaux, ayant abandonné son sport quelques années plus tard. Elle a néanmoins participé à plusieurs Jeux olympiques, sans culottes courtes ni record à battre. À l'hiver 2022, la cheffe d’antenne d’ICI Radio-Canada Télé a couvert ses dix-septièmes Olympiades.

« J’ai tellement rêvé de la vivre que l’expérience olympique a été aussi gratifiante pour moi en tant que journaliste qu’elle l’aurait été comme athlète. Mes rêves ont seulement changé en cours de route », explique-t-elle. 

Liberté !

Être sélectionnée pour la première Finale de l’histoire des Jeux du Québec était une grande fierté, se rappelle la journaliste sportive. « C’était immensément important pour nous. Malgré notre jeune âge, nous avions conscience de prendre part à un événement historique. Pendant qu’on voyait le Stade olympique se construire, nous avions la chance de prendre part à de mini-JO. C’était spécial. »

Cinquante ans plus tard, Marie-José Turcotte conserve quelques souvenirs de la pluvieuse cérémonie d’ouverture, mais peu de sa performance époustouflante sur la piste d’athlétisme, où elle a livré la meilleure performance canadienne de l’année dans son groupe d’âge. « Je me souviens surtout de l’excitation que nous avions de partir à cinq heures de route en autobus scolaire, sans nos parents. Nous nous sentions libres pour la première fois de notre vie!  Un soir, nous nous étions d’ailleurs éclipsées, après le couvre-feu, pour aller rigoler au cimetière à côté. Cette parcelle d’indépendance fait partie intégrante de l’expérience des Jeux du Québec, qui sont très importants dans la pyramide de développement du sport au Québec. »

Selon elle, les Jeux du Québec donnent un but concret aux jeunes athlètes, en plus de leur faire vivre une compétition dans le plaisir. « C’est un événement presque initiatique dans la vie d’un adolescent. Quand il trouve une passion dans le sport, le jeune définit son identité et accélère son processus vers l’autonomie. Pour ma part, je peux dire que le sport m’a sauvé la vie. J’étais une grande maigre, très timide, qui marchait le dos rond. Quand j’ai pu canaliser mes émotions dans une activité où j’étais bonne, je me suis révélée à moi-même. »

Le bel héritage du sport

Après avoir fait partie de l’équipe nationale junior d’athlétisme, la native de Windsor a abandonné le sport pour se consacrer à ses études universitaires en histoire, dans l’espoir de devenir correspondante à l’étranger. Elle a plutôt fait son entrée au service des sports de la société d’État, il y a presque 40 ans, pour ne plus jamais en sortir.

Cette adepte de randonnée en montagne, qui se décrit comme « une bougeuse », n’a pas tout effacé de son passé d’athlète. Cette professionnelle de l’information, récipiendaire de l’Ordre du Canada, utilise encore des trucs de psychologie sportive, dont une technique de visualisation qu’elle pratique pour se calmer le pompon avant de décrire une cérémonie d’ouverture pour des milliers de téléspectateurs québécois. « C’est un des héritages que m’a laissé le sport. La pugnacité, qui me pousse à prendre tous les moyens pour atteindre mes buts, aussi. »

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